4 raisons de faire de la réadaptation après une césarienne

Par Noémie Séguin | La césarienne vue de tous les angles

Oct 10

Êtes-vous de celles qui ont eu la chance de mettre au monde vos petits cœurs via un bonhomme sourire dans le bas de ventre? Vous a-t-on informé à ce moment que les muscles coupés pourraient ne pas fonctionner aussi bien après cette chirurgie?

On pense très souvent que la césarienne préserve mieux le corps de la maman que l’accouchement par voie vaginale et que cela protège le périnée des dégâts. Il est vrai que ce serait merveilleux de trouver une façon d’accoucher sans souffrance, sans effort et surtout sans séquelles. Malheureusement, la solution ne se trouve pas dans la césarienne qui amène elle aussi son lot de conséquences!

L’impact de la césarienne sur notre corps

Dans l’article précédent, «La césarienne, pour ou contre?», nous avons abordé en quoi cette intervention consiste. Maintenant que l’on comprend un peu mieux cette intervention, nous allons aller un peu plus loin dans ces explications. Bien que cette cicatrice puisse paraître à première vue petite, il faut comprendre que plusieurs couches de tissus ont été coupées. Le petit trait dans le bas de votre ventre n’est donc que la pointe de l’iceberg de ce qui se trouve en-dessous!

  • Les adhérences cicatricielles : on peut imaginer les différentes couches de tissu comme une pile de feuilles de papier. Lorsqu’on fait bouger les feuilles, elles glissent librement les unes sur les autres. Les feuilles de papier, dans ce cas-ci, incluent la peau, le tissu adipeux (notre couche de gras dont on aimerait bien se débarrasser!), 3 couches de muscles abdominaux, les fascias (les enveloppes qui recouvrent les muscles) ainsi que les 3 couches de la paroi de l’utérus.

    Une fois la plaie guérie, toutes ces feuilles de papier sont maintenant collées les unes aux autres et ne glissent plus librement ensemble. Cela interfère grandement avec la fonction des différentes couches de tissus et augmente la rigidité de l’abdomen lors des efforts physiques et quotidiens (tousser, lever une charge, etc.)

  • La perte de connexion musculaire : les muscles du corps sont reliés entre eux par ce qu’on appelle les fascias. Lorsque l’on contracte un muscle, cela va mettre une tension sur le fascia qui va engendrer une tension secondaire sur un autre muscle relié par le fascia qu’ils ont en commun. C’est ce qu’on appelle des chaînes musculaires.

    Par exemple, si j’ai un rideau attaché à une pôle, lorsque je tire sur le rideau, la pôle va aussi se tendre en réponse à la force que je vais induire. Lors de la césarienne, le muscle le plus profond des abdominaux, le transverse (la pôle), perd complètement sa connexion avec le plancher pelvien (le rideau) qui est en fait son meilleur ami. Cette connexion ne se rétablira pas sans rien faire, comme votre rideau qui est décroché, ne va pas se raccrocher à la pôle de votre fenêtre comme par magie! Cela est aussi vrai pour la connexion entre les trois couches abdominales qui ne travailleront plus harmonieusement ensemble. (Cliquez ici pour en apprendre davantage sur les abdominaux)

  • Le stress sur les structures débute bien avant l’accouchement : l’accouchement n’est pas le seul évènement qui induit de la surcharge sur les abdominaux et le plancher pelvien. Indépendamment du mode d’accouchement, la distension des abdominaux avec l’avancement de la grossesse perturbe leur travail de façon importante. Il en va de même pour le plancher pelvien qui doit supporter une charge de plus en plus lourde et qui est mis à rude épreuve, césarienne ou non!
  • Beaucoup de femmes ont poussé avant leur césarienne, à moins de césariennes planifiées, il est fort possible d’avoir poussé, parfois même pendant plusieurs heures, avant que la césarienne d’urgence ne soit envisagée. Le plancher pelvien aura alors été affaibli tout autant que si l’accouchement avait eu lieu par voie vaginale. De plus, si vous avez souffert de constipation pendant la grossesse, chaque poussée forçante à la selle équivaut à une poussée d’accouchement contribuant aussi à affaiblir le plancher pelvien.
  • Beaucoup de femmes pousseront lors d’un accouchement après césarienne (AVAC): dans cette situation, ce 2e accouchement sera comme un premier accouchement pour le périnée. Sans une préparation adéquate, le risque de déchirure périnéale demeure le même que pour un premier accouchement. Vous pourriez donc vivre avec les conséquences liées à une lacération abdominale antérieure, mais aussi celle liée à une déchirure périnéale.

Quel est le rôle de la réadaptation dans tout ça?

Laissé à lui-même, le corps tentera de guérir et de s’adapter tant bien que mal à cette nouvelle réalité. Les adhérences, la rigidité de l’abdomen, la perte de coordination entre les abdominaux et le plancher pelvien vont créer une surcharge sur ce dernier et il aura tendance à s’affaiblir graduellement à travers le temps. Petit à petit certains symptômes pourraient commencer à se faire sentir, tel que :

  • 1. Des pertes urinaires à l’effort et/ou des urgences.
  • 2. Des descentes d’organes comme la vessie, l’utérus ou le rectum. 

De plus, comme les couches abdominales ont été lacérées en plus d’avoir été distendues pendant 9 mois, cela entrainera une récupération abdominale plus difficile que pour un accouchement vaginal. La fonction des muscles profonds est très importante pour la stabilité du dos et du bassin. S’ils ne peuvent travailler efficacement ensemble, cela pourrait occasionner :

  • 3. Des douleurs lombaires et au bassin récurrentes.

Finalement, le fait que le périnée n’a pas été distendu lors de l’accouchement, combiné aux changements hormonaux dans cette région, les tissus auront alors très souvent tendance à devenir plus rétractés et asséchés. Donc, même si le périnée n’a pas été techniquement affecté par le passage du bébé, plusieurs mamans ayant accouché par césarienne vont vivre avec des douleurs importantes lors des relations sexuelles, sans comprendre ce qui leur arrive. Cela peut donc également occasionner :

  • 4. Des douleurs périnéales : vulvodynie/vestibulodynie/dyspareunie (les mots savants pour décrire cette condition)

Pour certaines mamans cela va persister pendant de nombreuses années et nuire grandement à leur qualité de vie. La bonne nouvelle est que ce type de problèmes se traite très efficacement en physiothérapie!

La réadaptation, malgré ce qu’on peut en penser, a donc un rôle de premier plan dans la récupération suite à une césarienne. En travaillant les adhérences et les tensions musculaires, en rééduquant les muscles afin qu’ils puissent travailler en harmonie les uns avec les autres, vous allez non seulement pouvoir vous débarrasser de votre petit ventre mou de maman (du moins en partie!), mais vous allez également prévenir bien des tracas qui pourraient faire leur apparition à travers le temps. Comme le dit si bien le dicton : mieux vaut prévenir que guérir!

Pour être encadrée dans votre réadaptation pendant la grossesse ou à n’importe quel autre moment de votre vie, vous pouvez vous joindre à notre belle famille de mamans en santé à travers les programmes en ligne de préparation à l’accouchement ou de réadaptation des abdominaux et du plancher pelvien pour toutes les mamans. Vous pouvez également consulter un physiothérapeute près de chez vous!

À propos de l'auteur

Noémie Séguin est physiothérapeute depuis plus de 10 ans, elle a développé une expertise en Rééducation Périnéale et Pelvienne en allant suivre une formation de 2e Cycle Universitaire dans cette discipline. Elle a fondée la clinique Physio Pelvienne en 2012 et aidé des milliers de personnes à retrouver leur qualité de vie. Passionnée et ayant à coeur que cette expertise devienne plus connue et accessible, elle poursuit sa mission à travers ce blogue informatif et le développement de programmes de réadaptation en ligne en plus de poursuivre sa pratique clinique. Dans le but d'offrir le meilleur service qui soit, elle met régulièrement ses connaissances à jour en assistant à de la formation continue plusieurs fois par années.

  • […] Suivez le prochain article dans lequel nous parlerons des 4 raisons pour faire une réadaptation après la césarienne! […]

  • […] périnée. Le travail entre les abdos et le plancher pelvien est encore plus compromis suite à une césarienne. C’est pourquoi cette dernière ne protège pas plus d’une descente d’organe qu’un […]

  • >