La respiration : essentielle pour la santé du périnée!

Par Noémie Séguin | Apprivoiser ses muscles profonds

Nov 04

Aujourd’hui, je vais aborder un sujet qui peut sembler à première vue anodin, mais qui peut faire toute la différence sur bien des sphères de notre vie... la RESPIRATION! Trop souvent prise pour acquise, mise de côté en pensant que de toute façon le corps respire tout seul et surtout, parce que la vie va trop vite et qu’elle est stressante, la grande majorité des humains modernes (ça, c’est vous et moi) respirent mal

«Respirer mal», ça veut dire quoi?

Pour bien comprendre, il faut en premier lieu s’attarder au mécanisme de la respiration.

Le muscle principal de la respiration s’appelle le diaphragme. C’est une sorte de gros dôme musculaire qui sépare la cage thoracique et l’abdomen. Ce dôme est suspendu par des ligaments qui s’attachent à l’avant des premières vertèbres thoraciques (entre les omoplates). Ces ligaments sont en relation avec le soutien du cœur et des poumons. Le diaphragme est percé de plusieurs orifices afin de laisser passer l’aorte (le sang en provenance du cœur), la veine cave (le sang qui retourne au cœur), l’œsophage (pour laisser passer la nourriture) et j’en passe. Le diaphragme a aussi des piliers qui s’attachent sur les vertèbres lombaires et qui sont en relation avec plusieurs muscles dans le bas du dos qui vont à leur tour s’attacher au bassin.

Lorsque l'on prend une inspiration, le diaphragme va se contracter et descendre vers le bas. Cette action ressemble à celui d’un piston, ce qui va créer de l’espace dans le thorax et permettre à l’air d’y entrer. Le diaphragme, en descendant, fait pression sur les organes dans l’abdomen. Les abdominaux ainsi que le plancher pelvien vont se relâcher pour accueillir ce mouvement des organes.

Lors de l’expiration, c’est le contraire qui se produit. Le diaphragme se relâche et remonte vers le haut ce qui pousse l’air à sortir. Le plancher pelvien et les abdominaux vont accompagner la remontée des organes vers le haut au fur et à mesure que le diaphragme remonte et crée de l’espace.

Ainsi, lorsqu'on respire bien, c’est-à-dire que l’on a un bon patron respiratoire, l’inspiration ressemble à un verre d’eau qui se remplit: l’abdomen se relâche et gonfle, les côtes s’ouvrent sur les côtés et le thorax monte vers le haut en dernier. À l’expiration, c’est le contraire qui se produit encore une fois, comme un verre d’eau qui se vide: le thorax descend vers le bas, les côtes se ferment et le ventre se dégonfle. Dans ces conditions, le diaphragme bouge dans sa pleine amplitude, il est souple et ne présente aucune tension.

Lorsque l’on respire mal maintenant, que se passe-t-il? Avec le stress chronique et physique, le corps a tendance à se rigidifier, être aux aguets. L’amplitude du diaphragme va diminuer, au lieu de faire un grand mouvement vers le haut et vers le bas à chaque respiration, il va faire de court mouvement. La respiration sera plus courte, les côtes vont s’expandre moins également ainsi que l’abdomen. Les muscles vont alors peu à peu se raccourcir, devenir tendus et moins souples: le diaphragme, les muscles costaux, les abdominaux, même le plancher pelvien! La respiration va devenir moins souple et plus forçante, obligeant le corps à utiliser les muscles accessoires qui s’attachent à la région cervicale. On va alors observer une respiration plus thoracique haute et moins de mouvement abdominal. On peut même observer que la respiration est inversée. Elle a perdu sa synchronisation lors d’une respiration profonde.

On va retrouver le même principe chez la maman pendant la grossesse. L’utérus prend du volume dans l’abdomen ce qui empêche le diaphragme de pouvoir bouger dans sa pleine amplitude. Cela contribue à la perturbation du patron respiratoire qui ne se corrige pas toujours spontanément même après l’accouchement.

À quoi est-ce que ça sert de bien respirer?

La respiration, comme vous avez pu le constater précédemment, est en lien avec un nombre important de structures dans le corps.

Les tensions et la perte de mobilité du diaphragme et des autres muscles respiratoires peuvent causer:

  •  De l’essoufflement;
  • Des douleurs au bas du dos à cause de ses piliers qui tirent (et même aux jambes via les fascias musculaires!);
  • Des douleurs aux omoplates à cause des ligaments qui tiraillent;
  • Des troubles digestifs de par sa relation avec le foie, l’estomac et l’œsophage;
  • Des douleurs au cou puisque les muscles accessoires qui s’y attachent sont trop sollicités;
  • Des crampes à l’effort lors d’exercice cardiovasculaire comme la course;
  • Une augmentation du rythme cardiaque;
  • Le maintien d’un haut taux de cortisol (hormone de stress) dans le corps et donc de l’anxiété;
  • etc.

La perturbation du patron respiratoire a donc un impact physique et psychique concret sur plusieurs systèmes du corps. On a ici la preuve que tout est interrelié dans le corps et que la correction du patron respiratoire est donc un médicament puissant pour bien des maux!

Quel est le rapport avec le plancher pelvien?

Nous avons discuté un peu plus haut du mécanisme de la respiration et si vous êtes attentif, vous avez pu voir que le mouvement de la respiration est étroitement relié au mouvement naturel du plancher pelvien dans le corps. Lorsque l’on regarde de plus près leur anatomie, on remarque qu’ils sont similaires sur bien des points, à l’exception qu’ils travaillent de façons opposées dans la respiration: quand nous inspirons, le diaphragme se contracte, mais le plancher pelvien lui se relâche. C’est ce qu’on appelle des groupes musculaires antagonistes-synergistes (ah que j’ai l’air intelligente quand j’utilise ces termes-là!!).

Alors, si le mouvement du diaphragme est perturbé, celui du plancher pelvien le sera aussi. Un diaphragme qui a moins d’amplitude de mouvement signifie un plancher pelvien qui bouge moins aussi, qui sera tendu, moins réactif et moins efficace. C’est ce qui arrive lorsque l’on court ou saute! Une respiration inversée va aussi signifier un mouvement inversé du plancher pelvien très souvent. Donc, à l’expiration le plancher pelvien va se relâcher au lieu de se contracter. Lorsque l’on tousse, éternue, soulève une charge, on doit normalement expirer. Imaginez l’effet d’un plancher pelvien qui se relâche au lieu de se contracter avec cette pression…il y a de fortes chances que la pression pousse les organes vers le bas et favorise leur descente à la longue et des pertes urinaires aussi!

Donc, avant même de vouloir renforcir le plancher pelvien, il faut le reconnecter avec la respiration et pour le reconnecter avec la respiration, il faut corriger son patron respiratoire!

Comment on fait pour bien respirer?

La première étape pour corriger la situation est la prise de conscience. On doit s’observer régulièrement dans le quotidien. Y-a-t-il des moments où vous cessez de respirer complètement, que vous bloquez la respiration? Par exemple, lorsque vous êtes bien concentré devant l’ordinateur au travail ou encore lorsque vous conduisez la voiture dans une circulation dense? Lorsque vous êtes constipé à la selle ou que vous soulevez de lourdes charges au gym?

Par la suite, on évalue notre patron respiratoire: on s’installe sur le dos genoux fléchis, une main sur le thorax et une main sur l’abdomen puis on prend de grandes respirations profondes et on écoute. Quelle main bouge en premier à l’inspiration, celle du thorax ou celle de l’abdomen? Même chose à l’expiration. On peut même se filmer pendant l’exercice avec notre cellulaire pour avoir un peu plus de recul!

Une fois que l’on détermine que notre façon de respirer n’est pas optimale, on doit se pratiquer de façon consciente à faire des respirations profondes afin de favoriser le mouvement complet de toutes les structures impliquées dans la respiration.

==> Cliquer ici pour voir la vidéo sur l'exercice de respiration!

On essaie de mettre en application la technique respiratoire avec une amplitude plus naturelle et de la corriger dans les activités de tous les jours, surtout les moments où l’on a tendance à cesser de respirer. Avec de la pratique, peu à peu cette façon de respirer va devenir naturelle et vous allez réaliser à quel point on se sent mieux dans son corps lorsque l’on respire de la bonne façon. Évidemment, cela demande de la persévérance, il n’y a pas de raccourci ni de recette magique!

Bonne respiration!


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À propos de l'auteur

Noémie Séguin est physiothérapeute depuis plus de 10 ans, elle a développé une expertise en Rééducation Périnéale et Pelvienne en allant suivre une formation de 2e Cycle Universitaire dans cette discipline. Elle a fondée la clinique Physio Pelvienne en 2012 et aidé des milliers de personnes à retrouver leur qualité de vie. Passionnée et ayant à coeur que cette expertise devienne plus connue et accessible, elle poursuit sa mission à travers ce blogue informatif et le développement de programmes de réadaptation en ligne en plus de poursuivre sa pratique clinique. Dans le but d'offrir le meilleur service qui soit, elle met régulièrement ses connaissances à jour en assistant à de la formation continue plusieurs fois par années.

  • […] Il faut aussi savoir que le port du bandage durant la période postnatale immédiate pourrait avoir un effet sur la récupération de la diastase et des tissus en maintenant les tissus en position raccourcie au niveau de l’abdomen. De cette façon, la gaine agit un peu comme un plâtre en gardant le tissu de façon prolongée dans la bonne position cela pourrait l’aider à guérir dans cette position. Cependant, il y a un gros bémol à cela : en portant une gaine sur de longues périodes, on augmente la résistance sur l’abdomen, surtout lors des efforts. La gaine peut aussi nuire à la mobilité du diaphragme, responsable de la respiration. […]

  • Charlotte dit :

    Bonjour, je suis en 3ème année d’étude en ostéopathie et dans le cadre de mon mémoire, j’aimerais trouver des articles scientifiques qui expliquent le lien entre le diaphragme thoracique et le plancher pelvien. Je suis aller dans votre onglet « Références » mais serait-il possible que vous m’indiquiez dans quel article avez vous trouvez ces notions s’il vous plait ?
    Merci d’avance.

    • Noémie Séguin dit :

      Bonjour Charlotte, je n’ai pas fait de recherche d’articles en ce sens puisque ces notions ont été enseignées directement dans des formations continues en physiothérapie que j’ai prises. Je te souhaite bonne chance pour ton mémoire. Belle journée!

  • Balcon dit :

    J’ai un prolapsus de type 2 et j’ai 76 ans. Je voudrais apprendre à bien respirer. Merci

    • Noémie Séguin dit :

      Bonjour 🙂 Tu es au bon endroit pour ça. Tu peux aussi t’inscrire à la Zone physio pour maman pour des exercices concrets. Pour ce faire tu peux cliquer sur Zone physio pour maman dans le bas de l’article. 🙂

  • Courbet Sandrine dit :

    Bonjour,pourriez-vous me donner les références scientifiques qui attestent que le périnée se relâche à l’inspiration et se contracte à l’expiration. Je suis Kinesitherapeuthe et je prépare une formation sur le sujet Mille merci Cordialement

  • Adri dit :

    Mille merci ! J’avais beaucoup de mal à coordonner mon plancher pelvien avec mon diaphragme et vos infos me furent d’une grande utilité
    Encore merci

  • […] groupes en même temps : les abdominaux ET les muscles profonds. Les muscles profonds comprennent le diaphragme (le muscle principal de la respiration), le plancher pelvien, le transverse de l’abdomen et les […]

  • […] Le diaphragme et la respiration : le diaphragme, lorsque nous respirons, fait pression sur les organes de l’abdomen. Plus il est rigide, plus cette pression est importante. Il travaille aussi en coordination avec le plancher pelvien à chaque respiration. […]

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