La césarienne : pour ou contre ?

Par Noémie Séguin | La césarienne vue de tous les angles

Sep 27

Il a été longtemps véhiculé et on entend même encore aujourd’hui que la césarienne est plus facile à vivre qu’un accouchement par voie vaginale : pas de douleur provenant des contractions, pas de surprise (on sait quand on va accoucher et le temps que cela va prendre), c’est aussi moins forçant que d’avoir à sortir soi-même son petit bébé.

À première vue, il est vrai que la césarienne peut paraître plus attrayante qu’un accouchement vaginal qui est souvent plus long et douloureux sur le coup. Cependant, ce mode d’accouchement comporte aussi une liste non négligeable de risques, pour la maman et le bébé, liés à une chirurgie invasive : risque d’infection, douleurs et récupération plus longue, détresse respiratoire chez le nouveau-né nécessitant l’hospitalisation, pour n’en nommer que quelques-uns.

La césarienne représente 28% des naissances au Canada à l’heure actuelle alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande un taux visé de 10 à 15% des naissances. Les accouchements par césarienne sont donc deux à trois fois plus élevés que les recommandations mondiales à l’heure actuelle. Comment cela se fait-il? Est-ce possible de poser certaines actions pour limiter le risque que notre accouchement se termine en césarienne?

En quoi consiste la césarienne?

La césarienne est une intervention chirurgicale au niveau de l’abdomen qui consiste à faire une incision juste au-dessus de l’os du pubis dans le but de donner naissance. Celle-ci se produit lorsque les risques pour la vie de la mère ou de son bébé, lors d’un accouchement par voie basse, dépassent les risquent reliés à la chirurgie. La césarienne peut être pratiquée de deux façons :

  • La césarienne est planifiée : le médecin et les parents ont convenu, pendant la grossesse, que ce sera ce mode d’accouchement qui sera utilisé pour mettre au monde le bébé à naître. Plusieurs raisons peuvent mener à prendre ce type de décision :
  • Bébé se présente en siège et les techniques de version n’ont pas fonctionné.
  • Accouchement antérieur traumatique ayant mis la vie de la mère ou du bébé en danger (ex : hémorragie nécessitant une transfusion)
  • Placenta praevia : le placenta bloque partiellement ou complètement l’ouverture du col.
  • Antécédent d’accouchement par césarienne d’urgence qui ne répond pas aux critères pour un AVAC (accouchement vaginal après césarienne) : grossesses trop rapprochées, radiologie qui confirme que l’ouverture du bassin est trop étroite, incision en T lors d’une césarienne précédente.
  • La césarienne d’urgence : le médecin et les parents prennent la décision pendant l’accouchement que cette approche sera préférable pour la sécurité de la mère et du bébé :
  • Phase de latence trop longue, le travail/la dilatation du col n’avance pas assez vite selon les critères établis par l’hôpital (dystocie).
  • Réponse adverse du corps aux interventions médicales pratiquées qui nuisent à l’avancement du travail :
  • Induction de l’accouchement avant le terme (provocation de l’accouchement) : il arrive que le corps ne réponde pas à la médication et le processus d’accouchement naturel du corps ne prends pas la relève. Il est possible aussi que les contractions induites soient anarchiques et inefficaces ce qui nuit à la progression du travail.
  • Tentative d’accélérer le travail médicalement : utilisation de l’ocytocine, rupture des membranes prématurées (crever la poche des eaux) : le travail devient très douloureux rapidement, la mère n’a pas la chance de s’adapter à la progression de la douleur et elle combat plutôt que d’accompagner son corps dans le travail.
  • Péridurale trop tôt dans le travail : la maman doit rester alitée et ne peut plus profiter de la gravité pour faire progresser le travail. De plus, la médication peut mener à un ralentissement des contractions et à leur espacement ce qui fait stagner le travail.
  • Procidence du cordon : le cordon ombilical passe dans la cavité vaginale avant le bébé, ce qui met sa vie hautement à risque.
  • Détérioration importante de l’état de la mère ne lui permettant plus de donner naissance par elle-même : perte de conscience, fièvre, détérioration des signes vitaux.
  • Signes de détresse fœtale importants : décélération cardiaque qui progresse alors que le travail stagne.

Est-ce que certaines situations sont évitables?

Lors de l’accouchement, il y a plusieurs variables qui sont hors de notre contrôle et parfois, certaines circonstances ne laissent pas le choix d’opter pour la césarienne comme méthode d’accouchement. C’est le cas notamment en présence d’un placenta praevia, d’une procidence du cordon ou lorsque la physionomie de la maman ne permet pas le passage du bébé dans le bassin. Toutefois, ces situations sont rares et heureusement, la césarienne a permis d’épargner la vie de milliers de mères et de bébés dans le dernier siècle. Cependant, certaines situations sont évitables et nécessiteraient seulement que les mères et le personnel soignant soient mieux informés et surtout mieux formés! Voici quelques facteurs et informations sur lesquels il est possible d’avoir du contrôle et qui peuvent faire toute la différence sur l’issu d’un accouchement :

  • Les accouchements en siège par voie vaginal sont possibles, ils sont de plus en plus pratiqués et ne démontrent pas un taux de complication plus important que la césarienne. Seulement très peu d’obstétriciens détiennent la formation et la pratique nécessaires pour être à l’aise d’accompagner la maman dans ce type d’accouchement.
  • L’induction médicale : En fin de grossesse, la nature fait en sorte que les mamans ont très hâte d’accoucher : les inconforts sont de plus en plus présents, les nuits de sommeil sont perturbées et on a hâte de tenir notre bébé dans nos bras. Il peut être tentant de vouloir provoquer l’accouchement un peu plus tôt et les mamans ne se font pas prier deux fois lorsque le médecin leur lance cette proposition. Par contre, les mamans ne sont pas informées des risques d’induire l’accouchement médicalement. Encore ici, les bénéfices d’induire l’accouchement devraient dépasser les risques reliés à l’induction médicale. L’induction prématurée peut-être proposée pour différentes raisons : risque de bébé de poids important (diabète de grossesse non contrôlé ou encore antécédent de gros bébé lors d’une grossesse précédente), bébé de petit volume à l’échographie (risque d’insuffisance placentaire), hypertension non contrôlée et prééclampsie sévère. Cependant, les mesures à l’échographie peuvent montrer une marge d’erreur jusqu’à 30% lors de l’évaluation du poids du bébé, cette mesure ne devrait donc pas être le seul critère à considérer pour prendre la décision d’induire l’accouchement. 
  • S’outiller pour se préparer à son accouchement :
  • Connaître les meilleures pratiques en matière d’accouchement, discuter avec son médecin ou sa sage-femme concernant leur position face aux interventions médicales lors de l’accouchement.
  • Apprendre et surtout pratiquer des techniques de gestion de la douleur pour accompagner son corps durant le travail.
  • Rester mobile et adopter des positions qui aide le bébé à descendre et prendre appui sur le col pour favoriser la dilatation.
  • Faites un bon plan de naissance et faites appel aux services d’une accompagnante à la naissance au besoin.
  • Faites-vous confiance, mettez en place un environnement le plus calme possible avec le minimum d’intervention afin de rester concentré et en contrôle durant le travail.
  • Rendez-vous à la maternité préparé, en sachant que vous êtes responsable de votre accouchement et que le personnel soignant n’est en place que pour vous accompagner et non pas faire le travail à votre place.
  • L’influence externe sur les décisions du personnel médical : dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre professionnel et de ressources limitées dans le secteur public, il n’est pas exclu que certaines décisions du personnel médical soient influencées par l’environnement de travail. La pression pour libérer des chambres, le médecin qui est sur le point de terminer sa garde et qui voudrait aller se coucher, l’infirmière qui travail 16 heures d’affilé, pour ne nommer que ces quelques facteurs, sont des réalités qui peuvent teinter les décisions et avoir un impact sur l’issu de votre accouchement.

Finalement, je tiens à préciser que je ne suis pas contre la césarienne, comme je l’ai mentionné plus haut. Cette chirurgie peut permettre, dans certaines situations, de sauver des vies. Par contre, elle doit être considérée pour ce qu’elle est, une intervention chirurgicale majeure qui est loin d’être un raccourci ou une meilleure option que l’accouchement vaginal dans la grande majorité des cas. Comme toute chirurgie, elle devrait être considérée comme une intervention d’exception et de dernier recours. En connaissant, ces faits, j’ai la conviction que les mamans seront à même de prendre une véritable décision éclairée face à cette option lorsque viendra le temps de la considérer!

Si jamais, la césarienne devient votre mode d’accouchement, vous pourrez alors accepter la situation en toute connaissance de cause. Vous aurez alors la certitude que vous avez fait tout ce qui était en votre pouvoir et qu’elle est réellement votre meilleure option.

Suivez le prochain article dans lequel nous parlerons des 4 raisons pour faire une réadaptation après la césarienne!

Pour faire une préparation à l’accouchement, prévenir les complications au maximum et faire partie d’une famille de mamans qui ont à cœur leur santé, vous pouvez joindre le programme de préparation à l’accouchement et prévention des déchirures ou consulter un physiothérapeute près de chez vous!

À propos de l'auteur

Noémie Séguin est physiothérapeute depuis plus de 10 ans, elle a développé une expertise en Rééducation Périnéale et Pelvienne en allant suivre une formation de 2e Cycle Universitaire dans cette discipline. Elle a fondée la clinique Physio Pelvienne en 2012 et aidé des milliers de personnes à retrouver leur qualité de vie. Passionnée et ayant à coeur que cette expertise devienne plus connue et accessible, elle poursuit sa mission à travers ce blogue informatif et le développement de programmes de réadaptation en ligne en plus de poursuivre sa pratique clinique. Dans le but d'offrir le meilleur service qui soit, elle met régulièrement ses connaissances à jour en assistant à de la formation continue plusieurs fois par années.

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