Comment boire de l’eau ne nuit pas à tes problèmes de vessie!

Par Noémie Séguin | Incontinence urinaire

Juil 17

Ajuster son apport en liquide est une des adaptations les plus fréquentes que j’observe chez les femmes qui ont des pertes urinaires à l’effort, des urgences ou d’autres problèmes urinaires comme une augmentation de fréquence des visites aux toilettes le jour et la nuit.


On se dit par logique, si je bois moins et si je m’empêche de boire, ma vessie va contenir moins d’urine souvent ou pendant mon sport et ça va me permettre de mieux gérer mes symptômes. Qui ici se reconnaît dans cette stratégie?


Aujourd’hui, je vais vous expliquer pourquoi cette logique ne fonctionne pas et comment cela peut même avoir un impact négatif sur les symptômes contrairement à ce qu’on peut penser.


Je tiens à vous le dire, le but de cet article n’est pas de vous culpabiliser de faire cela et de vous taper sur la tête. Pour moi, le succès se vit vraiment dans la bienveillance. Seulement, en comprenant mieux le fonctionnement du corps et en étant mieux informé, on peut alors prendre de meilleures décisions pour lui.


Comment fonctionne la filtration par les reins?

Sans aller dans la théorie et la physiologie complexe du système rénale (donc pour les scientifiques, il ne faut pas s’offusquer que j’explique le processus simplifié!).

Les reins filtrent le sang dans le but de le nettoyer de ses déchets, c’est un processus qui se fait en continu.

La quantité d’eau dans le sang doit rester toujours le même (équilibre osmotique) et la partie supplémentaire aide à faire passer les déchets dans le filtreur (les reins) qui ensuite sont stockés dans la vessie.

Quand la vessie est suffisamment pleine, entre 300 et 500 ml, elle envoie au cerveau un message par de petits récepteurs dans sa paroi qui ressentent l’étirement pour l’aviser qu’il est temps de se vider.

Quand on limite son apport en liquide dans le but de contrôler ce processus, on se trompe pour plusieurs raisons :


1- Le processus de filtration par les reins est un processus en continu qui ne dépend pas de la quantité de liquide dans le sang, mais bien de la quantité de déchets.

Donc, l’urine, peu importe ce que l’on fait va être produite en continu dans le jour, on n’a donc jamais techniquement la vessie vide.
Celles qui ont des incontinences à l’effort pourraient vous le dire: «Crime je ne comprends pas, je viens juste d’aller aux toilettes et quand je retourne faire x sport d’impact, je perds de l’urine quand même!»


2- Quand on boit moins de liquide, le liquide disponible pour la filtration est moins important et la quantité de déchets demeure le même, ce qui fait que notre urine est plus concentrée (tsé là quand c’est jaune foncé!)

Une urine plus concentrée va sur stimuler les petits récepteurs dans la paroi et envoyer un message d’envie pour une plus petite quantité d’urine.

On dit que cette urine est irritante pour la vessie qui va devenir plus réactive.

Cela amène donc une sensation d’envie d’uriner plus fréquente et des urgences, car cela énerve notre petit détrusor (le muscle de la vessie)!

Donc cela augmente la fréquence des envies et les symptômes d’urgence.

Je ne fais pas exception : l’été passé pendant nos vacances en cyclotourisme avec les enfants, j’ai eu plusieurs épisodes d’urgence que je ne m’expliquais pas. Pourtant, même si je n’avais pas terminé ma rééducation abdomino-pelvienne complètement, j’étais bien avancé et je n’avais aucun symptôme. Je me suis rendu compte que la combinaison d’activité physique en chaleur extrême avec l’allaitement me donnait du fil à retorde et je n’arrivais pas à m’hydrater correctement. En augmentant mon apport en liquide j’ai amélioré en bonne partie mes urgences, simple de même!


3- Certaines situations vont ralentir la filtration des reins.

-Les activités physiques modérées à intenses : l’eau que l’on boit pendant l’activité va principalement être excrétée avec les déchets sous forme de sueur, donc les reins ont moins besoin de travailler.

La quantité d’urine produite pendant une activité physique est donc diminuée pour cette raison et non pas parce que l’on boit moins!

Le fait de ne pas boire pendant une activité physique peut amener dépendamment de la température ambiante une déshydratation plus ou moins rapide, une diminution de la sudation, donc de la capacité à refroidir le corps, diminution de performance et même provoquer un coup de chaleur! (Ça peut être dangereux là, sans virer fou quand même!)

-La nuit : les hormones de sommeil viennent ralentir la filtration par les reins

En réalité, la principale raison qui fait en sorte que l’on va se réveiller la nuit pour aller uriner est la qualité de notre sommeil (qui malheureusement diminue avec la ménopause et aussi avec les multiples réveils de nos enfants en bas âge!)

Donc la première chose à regarder quand on a de la pollakiurie nocturne (c’est le nom scientifique pour se lever souvent et aller aux toilettes la nuit), c’est la qualité du sommeil!

Oui c’est vrai que de diminuer l’apport en eau 2h avant le coucher va aider, car un surplus de liquide dans le corps même la nuit doit être éliminé, c’est pourquoi on doit boire tout au long de la journée. Le problème c’est que la plupart des gens sont tellement occupés dans le jour avec le travail ou le quotidien qu’ils oublient de boire et c’est quand on arrive au repas du soir et qu’on relaxe en soirée qu’on se rend compte qu’on a soif et que l’apport en eau est trop important en soirée.


En résumé :

Donc, le fait de ne pas boire d’eau :

  • N’a pas d’impact sur la filtration par les reins
  • Augmente les urgences
  • Augmente les visites inutiles aux toilettes et la fréquence
  • Favorise la déshydratation et peut même être dangereux pour la santé dans certaines circonstances.


Boire de l’eau:

  • Produit une urine plus diluée et moins irritante
  • Est plus facile à retenir et les envies sont moins urgentes
  • Améliore les performances sportives par une meilleure hydratation et n’augmente pas la quantité d’urine produite pendant les sports (intensité modérée à élevée)
  • N’est pas le principal facteur qui explique les visites aux toilettes la nuit


Pour de vraies stratégies qui fonctionnent je t’invite à consulter mon contenu gratuit sur mon groupe Facebook. Tu pourras connecter avec moi et voir si mon approche t’interpelle! Au plaisir de t’y retrouver!

À propos de l'auteur

Noémie Séguin est physiothérapeute depuis plus de 10 ans, elle a développé une expertise en Rééducation Périnéale et Pelvienne en allant suivre une formation de 2e Cycle Universitaire dans cette discipline. Elle a fondée la clinique Physio Pelvienne en 2012 et aidé des milliers de personnes à retrouver leur qualité de vie. Passionnée et ayant à coeur que cette expertise devienne plus connue et accessible, elle poursuit sa mission à travers ce blogue informatif et le développement de programmes de réadaptation en ligne en plus de poursuivre sa pratique clinique. Dans le but d'offrir le meilleur service qui soit, elle met régulièrement ses connaissances à jour en assistant à de la formation continue plusieurs fois par années.

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