La grossesse et l’accouchement amènent des changements importants dans le corps qui ne se ressentent pas seulement pendant la période périnatale, mais bien des dizaines d’années après les grossesses.
En fait, la majorité des femmes ne ressentiront les symptômes, reliés à leur grossesse, que plusieurs années plus tard, car certains de ces changements demeurent silencieux très longtemps avant que de réels symptômes et inconforts fassent leur apparition.
La raison à cela est simple, les changements qui ont eu lieu dans notre corps pendant cette période ont tendance à persister, notre corps ne revient pas comme avant, après les naissances. Les symptômes vont apparaître quand le corps ne sera plus en mesure de s’adapter et compenser ces changements de façon efficace. Et je peux vous dire que le corps humain est excellent pour compenser, mais très souvent ses stratégies ne sont pas viables sur le long terme!
1- Les changements du plancher pelvien :
- Pendant la grossesse, les muscles pelviens vont avoir vécu neuf longs mois de surcharge avec le poids grandissant de l’utérus et du bébé, et ce, peu importe la façon que le bébé a été délivré, ensuite. (Vaginale ou césarienne)
- Le passage du bébé va provoquer un étirement excessif des muscles pelviens et des nerfs et très souvent des lésions et lacérations (déchirures), laissant les muscles avec moins de tonus et des adhérences cicatricielles.
Ainsi, pendant la grossesse, le plancher pelvien tentera de s’adapter du mieux qu’il peut à cette situation d’instabilité constante. S’il n’arrive pas à s’adapter, il commencera à s’affaiblir et si au contraire il essaie de soutenir de façon exagérée, il aura tendance à surcontracter et ainsi devenir hypertonique et tendu.
Après l’accouchement, s’il y a présence de cicatrice, le manque de mobilité de ces tissus peut amener des inconforts aux relations sexuelles et des tiraillements lors de certains mouvements.
Le plancher pelvien doit aussi réapprendre à fonctionner avec ces nouvelles réalités et lorsqu’on ne le guide pas, il fait de son mieux avec ses moyens du moment.
Lorsque sa coordination et sa fonction ne reviennent pas spontanément et qu’il n’est pas accompagné, certains indices peuvent nous aider à prendre conscience de la situation :
Si vous voulez tout connaître sur le plancher pelvien, continuer vers cet article du blogue : Apprendre à connaître son plancher pelvien, un incontournable!
2- Les changements dans les abdominaux :
- Pendant la grossesse, les muscles de l’abdomen vont être étirés de façon importante. Lorsque leur capacité maximale de distension est dépassée, on va commencer à observer une séparation dans les zones les plus faibles. Cette zone comme une couture de pantalon s’appelle la ligne blanche. 80 à 100% des femmes vont avoir une diastase pendant la grossesse et environ 40% des femmes vont avoir une diastase qui persiste dans le temps.
- Cette distension excessive va surtout amener ce qu’on appelle une perte de compétence abdominale qui signifie la perte de leur capacité à faire leur travail qui est notamment de répartir la pression abdominale à l’effort et soutenir la région lombaire.
- Après l’accouchement, les muscles ne reprennent pas leur forme instantanément suite à cet étirement important. Ils doivent réapprendre à travailler avec leur nouvelle réalité.
Le potentiel de récupération et la capacité d’élasticité de l’abdomen sont très variables d’une femme à l’autre. Certaines vont rester avec un relâchement plus important alors que d’autres vont récupérer spontanément. Dans tous les cas, la majorité des femmes vont demeurer avec une perte de fonction des abdominaux suite à la grossesse.
La césarienne amène elle aussi son lot de défi pour le corps : les adhérences de la cicatrice peuvent amener des tiraillements ou une perte de sensation et contribue à la perte de fonction non seulement des abdominaux, mais aussi à la coordination avec le plancher pelvien.
Voici quelques indications que les abdominaux ont besoin d’être accompagnés dans leur récupération :
Pour en apprendre plus sur le rôle des abdominaux, continuer par ici : Enfin, toute la vérité sur les exercices pour les abdominaux!
3- La modification de la respiration :
- Pendant la grossesse, les organes, dont l’utérus, remontent vers le haut dans la cavité abdominale. Le diaphragme, muscle principal de la respiration, ne peut plus descendre aussi bas pour faire entrer l’air. Il perd de la mobilité et de la souplesse graduellement pendant 9 mois. Le souffle devient plus court et notre façon de respirer change pour provenir de la région thoracique haute (apicale).
- Après l’accouchement, la faiblesse des abdominaux et l’acquisition d’un patron respiratoire changé, combiné au stress d’être une nouvelle maman (et de beaucoup d’autres sources de stress à travers les années!) entretiennent une fonction respiratoire sous-optimale.
Les changements de la respiration sont, en clinique, un des facteurs les plus importants expliquant la persistance des symptômes abdomino-pelviens et le plus sous-estimé malheureusement.
Voici quelques pistes qui pourraient faire penser que la respiration et le mouvement de la cage thoracique ne sont pas revenus à la normale :
Pour mieux connaître la respiration, allez consulter cet article sur le sujet : La respiration : essentielle pour la santé du périnée!
4- Les changements dans la posture :
- Pendant la grossesse, le poids de l’abdomen modifie le centre de gravité du corps de façon importante. Pour se stabiliser et éviter de tomber vers l’avant, la future maman va changer sa posture :
- En déplaçant le poids sur les talons et en poussant ses hanches vers l’avant : cette façon de faire favorise la bascule vers l’arrière du bassin, les organes étant orienté vers la sortie, elle favorise les descentes d’organe et l’apparition de symptômes urinaires.
- En exagérant la courbure lombaire (hyperlordose) : bien que cette stratégie protège mieux des symptômes pelviens, elle favorise l’hypertonicité du plancher pelvien et les douleurs lombaires.
- Après l’accouchement, le fait de devoir porter nos bébés et petits enfants pendant encore plusieurs années entretient ces postures. De plus, pour se libérer un bras, nous avons tendance à appuyer nos petits toujours sur la même hanche ce qui favorise les débalancements et l’asymétrie au bassin.
Les changements dans la posture sont à la fois évidents et insidieux, car cette fameuse posture est perçue par le cerveau comme notre point zéro (neutre). Par exemple, si on a une posture sur les talons et que l’on tente de ramener le corps au centre, on aura l’impression de tomber vers l’avant.
La meilleure façon de prendre conscience de sa posture est de se faire prendre en photo ou en vidéo à notre insu et de s’observer avec du recul.
La posture, avec la respiration, fait partie des premiers éléments à optimiser afin de voir une amélioration de nos symptômes que ce soit des douleurs au cou, l’esthétique de notre abdomen ou encore des symptômes urinaires ou prolapsus (descente d’organe).
5- Changement dans la mobilité des articulations :
- Pendant la grossesse, les hormones favorisent l’augmentation de mobilité dans les articulations. Ce changement est très important pour permettre aux côtes de s’ouvrir avec la remontée de l’abdomen vers le haut, mais aussi au bassin de s’ouvrir pour le passage du bébé à la naissance. Cependant, pour compenser cette perte de stabilité articulaire, les muscles doivent s’adapter et travailler plus pour assurer cette stabilité.
Voici quelques signes que la mobilité articulaire est restée problématique :
Les articulations qui ont tendance à trop bouger, le corps va chercher une solution pour les rendre plus stables, soit avec une activité accrue des muscles qui l’entourent qui deviennent en surcharge et développent des tensions myofasciales ou encore en allant enraidir l’articulation dans une position plus stable (perte de mobilité articulaire).
Si tu te reconnais dans ces changements du corps et les symptômes qu’ils peuvent occasionner, je te rassure, il y a des solutions pour optimiser le corps et le guider vers de meilleures stratégies de mouvement, et ce, même si cela date de plusieurs dizaines d’années.
Le corps est un champion de l’adaptation, lorsqu’il est bien guidé, il peut nous surprendre par sa capacité à récupérer.
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