Comment traiter une descente d’organe?

Par Noémie Séguin | La grossesse et l'accouchement

Fév 10

Pour faire suite au dernier article où j’ai expliqué en détail la descente d’organe, ce qui la provoque et comment l’évaluer, je vous présente aujourd’hui les solutions de traitements efficaces pour améliorer le problème. D’ailleurs, pour mieux profiter des informations contenues dans cet article, je vous suggère d’abord d’aller le consulter si vous ne l’avez pas déjà fait!

Les mamans me disent souvent que lorsqu’elles parlent de ce problème avec leur médecin, on leur répond qu’il n’y a rien à faire pour corriger la situation mise à part une chirurgie. Pourtant, les études démontrent une tout autre réalité et avec de bons exercices, il est même possible de diminuer le prolapsus d’un degré de sévérité!

Le traitement d’une descente d’organe n’est pas nécessairement ce à quoi on peut s’attendre. On entend souvent parler des exercices de Kegel, de renforcir le plancher pelvien pour obtenir un meilleur soutien de l’organe ou encore d’une chirurgie correctrice qui permettra de remplacer le soutien perdu par les ligaments qui ne font plus leur travail efficacement.

Or, ces solutions n’abordent qu’une seule partie du problème, alors que la descente d’organe est souvent le résultat de plusieurs composantes de notre corps qui travaillent mal les unes avec les autres. Par exemple, la chirurgie ne fait que remplacer les anciens ligaments incompétents par de nouveaux ligaments artificiels. Les exercices de Kegel, quant à eux, ne font que travailler le plancher pelvien, alors que ce groupe de muscle doit travailler en équipe pour être efficace!

La descente d’organe est très souvent la conséquence des pressions de l’abdomen qui n’arrivent pas à se répartir efficacement. Elles sont donc dirigées vers la région la plus faible et malheureusement, cette région c’est le périnée! Comme je le mentionnais plus tôt, la gestion des pressions abdominales implique plusieurs composantes et pas seulement le plancher pelvien ou encore les ligaments qui soutiennent les organes :

  • Le diaphragme et la respiration : le diaphragme, lorsque nous respirons, fait pression sur les organes de l’abdomen. Plus il est rigide, plus cette pression est importante. Il travaille aussi en coordination avec le plancher pelvien à chaque respiration.
  • Les abdominauxla couche la plus profonde, appelée le transverse de l’abdomen, est la meilleure amie du plancher pelvien. S’ils ne travaillent pas bien ensemble, les abdos plus superficiels vont essayer de le remplacer dans son travail et vont accentuer la pression sur le périnée. Le travail entre les abdos et le plancher pelvien est encore plus compromis après une césarienne. C’est pourquoi cette dernière ne protège pas plus d’une descente d’organe qu’un accouchement par voie vaginale!
  • Le plancher pelvien ce hamac musculaire assure le soutien des organes pelviens. Il va aussi réagir à l’effort pour s’adapter de façon dynamique aux pressions qui sont exercées sur l’abdomen afin de maintenir les organes en place.
  • Les ligaments et autres tissus de soutience sont des structures passives qui attachent les organes pour qu’ils restent dans une bonne position malgré les pressions. Ces tissus sont élastiques afin de pouvoir s’adapter lors des pressions. Par contre, lorsque le stress est trop fréquent et dure trop longtemps, ils vont avoir tendance à rester étirés et ne plus pouvoir reprendre leur forme initiale.
  • La mobilité des articulations : les articulations sont les jonctions entre les os qui nous permettent de bouger. Si les articulations sont trop rigides, elles augmentent la pression et le stress à d’autres endroits plus mobiles et si elles sont trop mobiles, le contrôle du mouvement et des pressions sera plus difficile et souvent moins efficace.
  • La posture : l’alignement de notre corps va avoir une incidence sur l’endroit où les pressions seront dirigées lors de l’effort. Certaines postures favorisent donc les descentes d’organes plus que d’autres comme avoir le thorax enroulé ou que l’on met notre poids sur nos talons en position debout.

Donc, pour traiter une descente d'organe, on procède comment ?

On doit d’abord adresser chacune de ces composantes de façon individuelle :

  • Les muscles doivent être forts, endurants, puissants, souples, contrôlés. Il faut pratiquer des exercices spécifiques à chacune de ces qualités musculaires.
  • Les ligaments doivent être maintenus dans une position raccourcie le plus souvent possible. Il faut éviter de s’exposer à des situations qui provoquent leur étirement et, par conséquent, augmentent la descente de l’organe. Si certaines situations ne peuvent être évitées, par exemple, à cause du travail, des enfants ou parce que notre santé mentale a besoin de bouger, il serait alors intéressant de considérer l’utilisation d’un pessaire.
  • Les articulations doivent avoir une mobilité optimale, on doit s’assurer que notre cage thoracique et notre bassin bougent de façon libre et symétrique dans toutes les directions.
  • La posture doit être corrigée et pratiquée de façon à devenir naturelle dans le quotidien.

Une fois que toutes les composantes sont corrigées, nous allons commencer à les faire travailler les unes avec les autres de façon optimale, c’est ce que l’on appelle la coordination. Nous allons pratiquer dans différentes positions, différents exercices, les nouveaux patrons de recrutement musculaire et les mouvements optimaux jusqu’à ce que cela devienne naturel et automatique. Un peu comme apprendre à jouer au golf ou au tennis, plus on pratique la bonne technique, plus on devient bon dans le sport.

Nous allons pratiquer au départ ces nouvelles stratégies dans des mouvements simples comme tousser, se lever d’une chaise, bouger une jambe. Ensuite, nous allons les intégrer vers des mouvements de plus en plus complexes et rapides comme des redressements assis, lever des charges ou encore courir et sauter. Ce sera l’étape de rééducation de la fonction. Les mouvements complexes seront décortiqués et corrigés, de façon à avoir une manière de bouger qui nous permet de garder le contrôle sur la descente d’organe à tout moment dans les mouvements.

Une fois toutes ces étapes complétées, le prolapsus est maintenu dans une position optimale, en tout temps et dans toutes circonstances. Les ligaments étant mieux positionnés, ils auront l’opportunité de guérir ou de se remodeler dans une position plus raccourcie d’où la possibilité de diminuer le degré du prolapsus avec une bonne rééducation abdomino-pelvienne!

Une fois toutes ces étapes franchies, il y aura non seulement une amélioration des symptômes et du prolapsus, mais aussi des meilleures stratégies et habitudes de mouvements durables qui permettront de former une équipe efficace avec le corps!

Il arrive parfois que les ligaments soient trop endommagés, trop étirés au point où malgré toute notre bonne volonté à faire les exercices, la descente d’organe ne peut être contrôlée suffisamment pour permettre de pratiquer certaines activités sans se nuire. À ce moment, et seulement à ce moment, les autres options comme le port d’un pessaire ou la chirurgie devraient être considérées, car si on ne corrige pas les mauvaises habitudes de mouvement, les pressions sur les organes vont continuer. Le pessaire ou les nouveaux ligaments artificiels vont continuer de subir ce stress et au fil du temps, ces outils compensatoires atteindront leur limite à leur tour. C’est pourquoi, peu importe l’issue, la rééducation devrait être la première étape à envisager! Les autres options ne devraient pas être perçues comme une alternative de remplacement ou un raccourci.

À très bientôt !


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À propos de l'auteur

Noémie Séguin est physiothérapeute depuis plus de 10 ans, elle a développé une expertise en Rééducation Périnéale et Pelvienne en allant suivre une formation de 2e Cycle Universitaire dans cette discipline. Elle a fondée la clinique Physio Pelvienne en 2012 et aidé des milliers de personnes à retrouver leur qualité de vie. Passionnée et ayant à coeur que cette expertise devienne plus connue et accessible, elle poursuit sa mission à travers ce blogue informatif et le développement de programmes de réadaptation en ligne en plus de poursuivre sa pratique clinique. Dans le but d'offrir le meilleur service qui soit, elle met régulièrement ses connaissances à jour en assistant à de la formation continue plusieurs fois par années.

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